Este artigo de que aqui transcrevo uma grande parte, e no original, veio publicado no
Le Monde de 18/11. Achei-o interessante e decidi partilhá-lo com quem me visita. Dá, pelo menos, que pensar!
Resumidamente, fala-nos de uma nova realidade da sociedade brasileira, sobretudo no Rio de Janeiro. A entrada triunfante de prostitutas no mundo da moda. "Les fringues" (os trapos) são a sua nova arma na luta pelos seus direitos.
Esquecidas pelos políticos, lançaram uma griffe, a Daspu (abreviatura de "das putas"), que já alcançou lugares de topo em desfiles com T-shirts, vestidos-sexy, corsários, tops, malas-de-mão, chapéus, gorros...
Fora do Rio, o sucesso não tem sido menor, com pódios atingidos pela décima vez como aconteceu na recente Bienal das Artes em São Paulo.
A Daspu foi criada pela Davida, uma ONG que luta pelo reconhecimento da prostituição como actividade profissional e que pretende bater-se contra as doenças sexualmente transmissíveis.
Com uma estilista, que procurou inspiração nas ruas da cidade e nas praias de Copacabana, e tendo prostitutas como manequins, as suas fatiotas são femininas mas não vulgares, destinando-se a todas as mulheres.
Em 6 meses a marca passou de umas quantas T-shirts de militância para uma linha de pronto-a-vestir.
Em Fevereiro, a Daspu ofereceu a Mick Jagger uma T-shirt aquando de um seu concerto no Rio.
De todo o mundo afluem fotógrafos e repórteres. Em Junho, a marca já vendera mais de 5 mil T-shirts nas boutiques do Rio, São Paulo e também através da Internet.
Gabriela Leite, a directora da Davida, ela própria ex-prostituta que parou a sua actividade para se dedicar à Associação, afirma que querem lutar contra os preconceitos e as descriminações contra as prostitutas e devolver a estas a confiança em si mesmas.
E a verdade é que têm vindo a provocar alguns rombos nos cânones da beleza, apresentando nos palcos da moda os seus manequins de formas generosas e de várias idades.
Já à venda em sete países, as T-shirts serão brevemente acompanhadas de um folheto explicativo das reivindicações da Davida.
Como diz Flávio Lenz, o porta-voz da empresa, "todos nos poderão compreender pois a prostituição existe em todo o mundo." E espera que a difusão da marca leve a debates sobre a prostituição nos países onde se vendem os artigos Daspu.
- Resumo e tradução: Jorge G
TEXTO ORIGINAL
"Oubliées des politiques, des prostituées de Rio de Janeiro mènent campagne pour leurs droits et séduisent les Brésiliens. Leur arme : les fringues. Une pute en robe de mariée, ça interpelle. Surtout si celle-ci est faite en draps d'hôtels de passe. C'est la pièce maîtresse du prochain défilé de Daspu, une griffe de mode lancée par un groupe de prostituées cariocas en décembre 2005. Dans le cadre de la Biennale des arts à Sao Paulo, le 7 octobre, les prostituées se sont emparées des podiums pour la dixième fois. Au menu : T-shirts, robes sexy, corsaires, sacs à main et casquettes. Une nouvelle occasion pour ces filles de clamer leur message : "Putes et fières de l'être."
Créée par Davida, une ONG brésilienne qui lutte pour la reconnaissance de la prostitution comme activité professionnelle et se bat contre les maladies sexuellement transmissibles, Daspu devait servir, au départ, à pallier le manque de financement de l'ONG. Mais, très vite, les médias nationaux s'intéressent au projet. L'une des raisons principales : le nom de la marque. "Daspu" - du portugais "das putas" (des putes) - est une référence à "Daslu", le temple du luxe à Sao Paulo. Pendant plusieurs semaines, la condamnation de la directrice du magasin pour fraude fiscale a fait la "une" des journaux brésiliens. La polémique profite à Daspu : séduits par ce pied de nez, les médias font de cette initiative un phénomène de société.
Une publicité gratuite qui incite Gabriela Leite, la directrice de Davida, à diversifier la griffe. Elle emploie une styliste a plein temps, Rafaela Monteiro, et dix prostituées comme mannequins. Ensemble, elles décident du thème de la première collection : la route 69. Un clin d'oeil à leur client idéal, "l'homme qui passe et qui ne reste pas" : le camionneur. "Féminins mais pas vulgaires, les vêtements Daspu s'adressent à toutes les femmes", explique la styliste, qui est allée chercher son inspiration sur les plages populaires de Copacabana et dans les rues de la cité carioca. Une mode qu'elle a voulue "très brésilienne", dans les couleurs comme dans le style.
En six mois, la marque passe de quelques T-shirts militants à une ligne de prêt-à-porter. Les défilés se multiplient. Les stars du show-biz, les artistes et les intellectuels viennent applaudir les filles. Un T-shirt de la griffe est même offert à Mick Jagger lors de son fameux concert à Copacabana, le 18 février. Photographes et journalistes affluent du monde entier. Daspu devient branché.
En juin, la marque avait déjà vendu plus de 5 000 T-shirts dans les boutiques à la mode de Rio, de Sao Paulo mais aussi sur Internet, permettant de dégager des bénéfices. " Un succès que même le plus grand génie du marketing n'aurait pu imaginer !", s'enthousiasme Flavio Lenz, attaché de presse et mari de Gabriela Leite, la patronne de l'ONG. Les podiums deviennent tribunes.
Grâce à cet engouement, les revendications de Davida gagnent en visibilité. "Nous voulons faire cesser les préjugés et les discriminations contre les prostituées en les faisant monter sur les podiums. De tous âges et avec leurs formes généreuses, elles rompent avec les canons de la beauté. C'est aussi une façon de leur redonner confiance, assure Gabriela Leite, qui a elle-même arrêté de se prostituer pour se consacrer à l'association. Beaucoup ont fait le choix de la prostitution, mais n'assument pas leur travail à cause du regard des autres."
Elle espère que le succès de la marque réussira à changer le regard de la société afin que la prostitution soit encadrée juridiquement. Car, si sa pratique est légale au Brésil, elle n'est pas réglementée. "Les prostituées n'ont aucun droit : ni retraite ni couverture sociale. Pourtant, ce sont des citoyennes comme les autres. A 60 ans, certaines sont encore obligées de faire le trottoir pour assurer leur quotidien. Or la concurrence des jeunes filles est rude, et les clients se font rares."
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Pourtant, le phénomène Daspu dépasse déjà les frontières du Brésil. Avec l'espoir, pour Gabriela Leite et Flavio Lenz, d'exporter leur message. Déjà vendus dans sept pays, les T-shirts seront bientôt accompagnés d'un livret expliquant les revendications de Davida. "
Tout le monde peut comprendre notre discours, car la prostitution existe dans tous les pays, confie Flavio Lenz, l'attaché de presse de l'entreprise. Nous espérons que la marque ouvrira le débat partout où nous serons vendus."
Publicação nº 156 - jorgg